La monnaie est au centre de la crise
Passionnante conférence hier soir à l'Hotel Métropole, organisée par l'Institut Libéral.
Le sujet ? la monnaie. Les deux orateurs ? les économistes Philippe Simonnot et Pierre Leconte , experts reconnus du sujet.
Philippe Simonnot a déroulé un historique passionnant de la monnaie, depuis son invention pour faciliter le troc, le rôle des métaux précieux, l'invention de la monnaie-papier et l'émergence des banques, et ultérieurement des banques centrales, organismes étatiques. Il a expliqué comment les Etats se sont progressivement approprié la monnaie, qui était au départ une création spontanée du marché, en commençant par certifier les monnaies émises par les opérateurs privés, pour finir par s'attribuer le droit exclusif de battre monnaie à travers les banques centrales.
Qui garde le gardien ?
Les banques centrales, devenues indépendantes, sont donc aujourd'hui les gardiens du système, mais, demande Philippe Simonnot, qui garde le gardien ? la question est particulièrement inquiètante de nos jours, quand on voit les banques centrales s'affranchir des règles qui leur ont été données, et prendre des engagements considérables pratiquement sans contrôle.
Pour Simonnot, le seul gardien possible est l'or. Mais depuis que Nixon, en 1971, a suspendu la convertibilité du dollar en or, le système monétaire est à la dérive, ce qui a conduit à la crise que nous connaissons :
avec la bénédiction des gouvernements, les banques centrales se sont lancées dans la création monétaire à tout va, favorisant l'endettement des particuliers et des Etats, jusqu'au moment ou la confiance dans le système s'est effondrée.
Les banques centrales sont des gardiens pyromanes qui alimentent le feu de la spéculation par leur politique monétaire
La création de l'Euro a été une erreur
Pierre Leconte a centré son exposé sur l'Euro, qui a selon lui totalement échoué. J'avoue qu'en écoutant son exposé j'ai trouvé son analyse remarquable, mais cela ne nous dit pas comment sortir de cette situation dramatique.
L'Euro n'a pas suscité de convergence économique entre les pays membres, au contraire, il a renforcé les pays forts et affaiblit les faibles.
Il n'a pas favorisé la croissance.
Il n'a pas favorisé la démocratie en Europe et le renforcement de la solidarité entre Etats-membres.
Il n'est pas devenu monnaie de réserve mondiale (62% des réserves des banques centrales sont en dollars, contre seulement 24% en euros).
L'objectif de Euro, l'Union politique, est un mythe
Pour Leconte, l'Euro est une création constructiviste qui visait à créer une union politique. Mais cela ne marche pas, le super-Etat européen centralisé et bureaucratique n'est pas accepté par les peuples. L'époque est plutôt au renforcement de petites communautés de taille humaine, tels les basques, les catalans, les wallons, les écossais etc.
L'Euro a permis dans un premier temps aux pays du Sud de l'Europe de s'endetter comme jamais, mais il provoque maintenant une régression démocratique et sociale dans ces pays, qui ne sont plus libres de leur politique monétaire. Le modèle allemand de gestion de la monnaie unique s'est avéré totalement incompatible avec les politiques menées par ces pays, habitués à dévaluer régulièrement leur monnaie pour retrouver leur compétitivité.
L'union fiscale, indispensable à la poursuite de l'union monétaire, n'est pas acceptable pour les allemands qui n'ont aucune intention de payer les dettes des autres pays. Les mécanismes de gestion de l'Euro sont tellement complexes qu'ils ne peuvent qu'amener à la paralysie et au chaos. D'ailleurs la règle d'or ne sera pas davantage respectée que les critères de Mastricht.
Remarquons au passage que la BCE n'aide que les banques commerciales et autres banques privées, et non pas les peuples ou les Etats, à l'exception de la Grèce qui n'a pas d'autre choix que de passer sous les fourches caudines de Bruxelles.
Fin prévisible de l'Euro
Pierre Leconte estime que la fin prévisible de l'Euro - par exemple par une sortie de l'Allemagne- ne sera pas un drame, sauf si le ressentiment devait monter entre la France et l'Allemagne, ce qui risquerait de conduire à des troubles et même à des conflits ...
Ce qui frappe dans l'analyse de Leconte, c'est à quel point la création de l'Euro a été une erreur. Mais maintenant on fait quoi ?
Le retour aux monnaies nationales provoquerait des pertes gigantesques, y compris en Allemagne, car le système européen de banques centrales envoie toutes les créances pourries à la BundesBank. Mais continuer l'Euro ne fait que grossir le problème tous les jours !
Le retour ultérieur à l'étalon-or au niveau mondial façon Bretton-Woods est improbable, les Etats-Unis qui profitent du système monétaire international actuel ne l'accepteront jamais. La suppression du monopole étatique de création monétaire est une autre piste, qui intéresse beaucoup les libéraux. La liberté monétaire permettrait en théorie au marché de créer de meilleures monnaies, et comme on sait qu'en matière monétaire la bonne monnaie chasse la mauvaise (même si le dicton dit le contraire!), un processus vertueux pourrait s'enclencher.
Justement, il n'est pas impossible qu'un début de solution arrive de Suisse. La Suisse n'a abandonné l'étalon-or qu'en 1999. Jusque-là, il était possible d'échanger les billets en francs suisses contre de l'or ! C'était il y a seulement 13 ans.
Un referendum d'initiative populaire se profile à l'horizon pour l'introduction d'une monnaie-or en Suisse. Une initiative à suivre de très près !
Les crises sont provoquées par les politiques expansionnistes des banques centrales
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